mardi, décembre 8 2020, 14:32
L'Inconnu de la Forêt de Harlan Coben. Belfond
Par Les Obsédés Textuels - Ecrits Meurtriers - Lien permanent
Les esprits chagrins reprochent souvent aux écrivains à succès d'écrire toujours le même livre. Pour flatter leur lectorat et exploiter un filon jusqu'à la corde. Agissons nous de la sorte pour les partitions d'Erik Satie ou les toiles de Mark Rothko ? Si, depuis Ne le Dis à Personne, Harlan Coben a pratiquement réinventé le concept de disparition, et en a fait la toile de fond de la plupart de ses thrillers, il ne s'est pas contenté pour autant d'une recette facile aux ressorts prévisibles...
L'Inconnu de la Forêt illustre parfaitement cette volonté de l'auteur de coller au temps tout en jouant sa partition éprouvée du page turner gorgé de suspense. Wilde est un enfant sauvage retrouvé très jeune dans la foret où il a survécu par miracle. Adulte, il est devenu une sorte de surdoué aux aptitudes intellectuelles et physiques inouïes. Proche de l'avocate Hester Grimstein, croisée dans Ne T'enfuis Plus, le précédent opus de Coben, qui le recrute pour retrouver une lycéenne en fuite, Wilde va mettre les pieds dans une sombre affaire politique aux contours crapuleux, rappelant ainsi certains romans noirs des années 40.
Débutant comme un énième mais toujours captivant thriller de disparition, L'Inconnu de la Forêt va progressivement glisser vers un passionnant roman à tiroirs et une terrible charge sur les dérives du monde moderne dont Wilde, l'enfant sauvage aux principes moraux élevés, est l'antithèse purificatrice. Éternel combat du Bien contre le Mal qui fascine Harlan Coben depuis ses débuts et qui trouve ici un terrain de jeu idéal.
Dans le portrait d'une bourgeoisie corrompue, avide de pouvoir et d'argent, où l'ombre de Donald Trump n'est jamais loin, c'est une nouvelle fois l'occasion pour l'auteur d'ausculter la société américaine et de mettre à jour ses principaux travers symbolisés, entre autres, par le recours pervers à la nouvelle religion appelée Internet et à son cortège de pièges.
Pour faire pièce à cet envahissant progrès, Harlan Coben n'oublie jamais d'exalter les valeurs de l'amour et de la famille, seuls remèdes à ses yeux capables de nous éviter le pire.
Cedric BRU
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Roxane Azimi