mercredi, septembre 23 2020, 10:47
Le Jour où Kennedy n'est pas Mort de R.J. Ellory. Sonatine
Par Les Obsédés Textuels - Littératures... - Lien permanent
La dystopie est un genre qui ne supporte pas la facilité. Amenée à tordre l'Histoire officielle, elle se doit de proposer - à l'inverse de l'utopie qui est un possible non réalisable - une alternative sinon crédible du moins imaginable afin de plonger le lecteur dans une réalité certes illusoire mais troublante de vérité. C'est le pari que fait R.J Ellory dans ce saisissant Le Jour où Kennedy n'est pas Mort qui réactive un des événements les plus marquants du vingtième siècle.
Tout débute quand, comme souvent dans la fiction, la petite histoire rencontre la grande. Ici, Mitch Newman, photographe free lance plutôt à la ramasse apprend le suicide de son ex petite amie dont il est toujours épris quinze ans après leur rupture, et dont il porte cruellement la responsabilité. Inconsolable, il n'arrive pas à se faire à l'idée que Jean Boyd, journaliste au tempérament de feu et au professionnalisme sans faille, ait pu se laisser aller à une telle extrémité.
Débute pour Mitch une enquête difficile et opaque qui le mène de Washington à Dallas sur la piste d'un certain Jack Ruby, propriétaire d'une boite de strip-tease, et de l'énigmatique Lee Harvey Oswald, sympathisant communiste, qui a disparu des radars le... 21 novembre 1963 à Dallas !
En parallèle, on suit les préparatifs de la Convention Démocrate de 1964 censée reconduire John Fitzgerald Kennedy à la candidature suprême. Pourtant, c'est à une fin de présidence déliquescente à laquelle on assiste. JFK est miné par la maladie, obsédé par des conquêtes furtives et maladroit dans ses choix stratégiques. C'est son frère Bobby qui mène le navire en sous main face à une Jackie bafouée et sans illusions.
Pour combien de temps encore tant les jours du président semblent irrémédiablement comptés ?
Mitch ne tardera pas à découvrir que c'est bien dans ce bateau ivre que Jean Boyd semble avoir été embarquée. Victime comme beaucoup du charme présidentiel et des implacables services secrets dont la tâche et de cacher bien des turpitudes et des vérités inavouables.
R. J. Ellory nous entraîne, grâce à une documentation impeccable et une intrigue audacieuse et serpentante, aux confins du réel sans jamais être pris en défaut d'invraisemblance. Une nouvelle performance à mettre à l'actif de ce romancier hors pair.
Cedric BRU
Traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau